Depuis 1928, année de sa fondation, la Ligue suisse des droits humains (LSDH), affiliée à la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH), se bat pour garantir le respect des droits humains et défendre les principes d’égalité, de liberté et de justice. Accordant de longue date une attention particulièrement soutenue au droit d’asile et des étrangers, la LSDH a notamment organisé à Genève les premières Assises européennes sur le droit d’asile en 1985.
Composée exclusivement de citoyennes et citoyens bénévoles, âgé-e-s de 18 à 88 ans, la Ligue suisse des droits humains-Genève (LSDH-Ge), forte de quelques 350 membres, ne bénéficie d’aucune subvention de fonctionnement, ce qui lui procure une indépendance assumée. Elle dépend ainsi entièrement du soutien de ses membres.
De vocation généraliste, la LSDH-Ge promeut et défend les droits humains, prioritairement en Suisse et à Genève, tant en ce qui concerne le droit d’asile ou le droit des personnes sans statut légal, qu’en ce qui concerne les droits économiques, sociaux et culturels, qui comprennent le droit à un logement, à une formation ou à un travail, ou encore le droit de manifester, essentiel au cœur de toute démocratie. Elle combat et dénonce toutes les formes de discriminations.
La LSDH-Ge encourage les autorités locales à faire preuve d’exemplarité en adoptant les recommandations des organismes internationaux, afin que Genève, siège de l’ONU, du HCR et de nombreuses ONG, dépositaire des Conventions de Genève, soit fidèle à sa tradition humanitaire. Elle relève régulièrement l’écart entre ces recommandations et leur prise en compte par les autorités locales.
Avec le temps, la LSDH-Ge a été amenée à centrer une grande part de son action en faveur du respect des droits fondamentaux des personnes détenues sur le territoire genevois, une question particulièrement sensible. Ainsi, les activités de terrain de la LSDH-Ge s’articulent principalement autour des questions liées à la privation de liberté.
Elle comporte ainsi deux commissions de terrain pérennes portant sur la détention. Les membres de la première, consacrée à la détention pénale, se rendent auprès des personnes détenues qui en font la demande. Ils se rendent ainsi régulièrement à Champ-Dollon, à La Brenaz et à Curabilis.
La LSDH-Ge est depuis longtemps fortement préoccupée par ce qu’elle considère comme une surincarcération de la population et la surpopulation chronique qui en découle dans les prisons genevoises. A l’instar d’instances internationales comme le Sous-Comité pour la prévention de la torture des Nations Unies, et depuis plusieurs décennies déjà, la LSDH-Ge s’oppose continuellement à la construction de nouvelles places de prison et milite pour le développement des peines et mesures alternatives. Elle rappelle par ailleurs que la population carcérale est très majoritairement composée de personnes vulnérables et précaires.
A Champ-Dollon, outre des conditions de détention qui ont fait l’objet de condamnations par le Tribunal fédéral, l’un des problèmes pointés du doigt par l’association est le mélange des différents types de détention (détention préventive et après jugement), contraire au droit. La LSDH-Ge relève les défaillances du système et milite pour une meilleure prise en charge médicale et surtout une véritable réflexion quant à la fonction, aux buts, à l’efficacité et aux limites de la privation de liberté.
La seconde commission est quant à elle dévolue à la détention administrative. Pour mémoire, les mesures de contrainte en matière administrative permettent de priver de liberté les personnes sans statut légal en vue de leur renvoi, indépendamment de la commission d’une quelconque infraction pénale. Bien que la LSDH-Ge se soit opposée dès leur instauration à ces mesures, ses membres se rendent fréquemment dans chacun des deux établissements concordataires réservés à ce type de détention pour les cantons de Genève, Vaud et Neuchâtel – situés à Genève –, que sont Frambois et Favra. Ils y rencontrent les personnes qui s’y trouvent détenues pour s’entretenir avec celles qui le souhaitent.
L’association considère que la détention administrative est une mesure illégitime et récuse qu’elle puisse être appliquée sur la seule base du statut administratif, d’autant plus que celle-ci participe selon elle à la criminalisation des ressortissant-e-s étrangers et étrangères et des requérant-e-s d’asile. La LSDH-Genève appelle ainsi à renoncer à la détention administrative selon la recommandation des organisations internationales sises à Genève (telles que l’Organisation mondiale de la Santé ou le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, qui pointent l’effet gravement délétère de ce type de détention sur la santé des personnes concernées).
Les membres des deux commissions assistent en outre ponctuellement, à la demande des personnes concernées ou de leurs conseils, à différentes audiences devant les juridictions genevoises.
Forte de son expertise de terrain, renforcée par un soutien juridique et académique, la LSDH-Ge accomplit un travail de sensibilisation et de plaidoyer essentiel, principalement auprès des autorités concernées. Elle adresse des courriers aux autorités, contacte les pouvoirs publics, rédige des rapports et des communiqués de presse, organise des moments de rencontre et de dialogue. Enfin, la LSDH-Ge recourt aussi parfois à l’art comme vecteur de sensibilisation. Ainsi, par exemple, en 2019, une pièce écrite et mise en scène par Jérôme Richer portant sur les droits sociaux a fait salle comble au Grütli, ou en 2023, dans le cadre du festival littéraire La fureur de lire, l’association a fait appel à son corpus d’archives pour créer, en collaboration avec l’autrice Gabriella Zalapi, une affiche en sérigraphie à lire ou à écouter, inspirée d’extraits de lettres de personnes et d’écrivain-e-s incarcéré-e-s, et de textes de l’administration carcérale. En 2024, dans le cadre de la Semaine des droits humains à l’Université de Genève, en collaboration avec la FIDH, elle a produit une exposition de photographies d’Enrico Gasteladello retraçant 40 ans de manifestations à Genève, Manifester en démocratie, augmentée d’une nouvelle affiche de Gabriella Zalapì et Cathy Day, mise en musique par Pierre Omer, et initié la tenue d’une table ronde consacrée aux restrictions du droit de manifester.
Sur le plan international, la LSDH-Ge intervient ponctuellement, le plus souvent en collaboration avec la FIDH, auprès des autorités suisses.